La pièce

La salle d’attente

Théâtre
Pièce en trois actes

L’action se déroule dans un espace-temps inconnu. Trois artistes de la fin du XIX e siècle – début XX e siècle, Paul Gauguin, Eugène Carrière et Auguste Rodin, se retrouvent dans un entre-deux après la mort. Le lieu a l’aspect d’une salle d’attente. Des ombres défilent sur un écran en fond de scène au début de la pièce, évoquant le va et vient d’une gare, on entend des trains entrer en gare et repartir après avoir déversé leur lot de passagers.

 

Les trois amis découvrent rapidement qu’ils ont été parachutés dans l’antichambre de la mort en attendant d’être redirigés vers le paradis, le purgatoire ou l’enfer. Un messager vient à leur rencontre et leur annonce qu’ils auront à choisir eux- mêmes leur destination, sachant qu’il n’existe qu’un seul ticket de passage pour chaque lieu. Mais avant de se voir réorientés, il leur faudra répondre à deux questions- clés. Ils devront également accepter de se soumettre à une confrontation avec un mystérieux témoin qui mettra en lumière une période charnière de leur existence et leur comportement de leur vivant — Camille Claudel pour Rodin, Aline pour Gauguin (sa fille), Léon pour Carrière (son fils).

 

Ce sont les méandres et les mystères de la création qui sont explorés. Quels sacrifices un artiste est-il prêt à accepter pour obéir à la pulsion créatrice ? Ne laisse-t- il pas derrière lui des victimes au nom de cet appel auquel ils n’ont pas su résister ? Des interrogations auxquelles nos trois compères tenteront de répondre tout au long de leurs échanges.

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Maryse Rivère se jette à la scène

A propos de la Salle d‘attente. Pièce de Maryse RIVIERE

Par Dominique Branier, auteur, comédien, metteur en scène, le Raincy, 26 novembre 2024

Quand le rideau s’ouvre sur cette salle d’attente, cet entre-deux, impossible de ne pas penser à Huis-clos, impossible de ne pas se remémorer le marigot infernal conçu par Jean-Paul Sartre.

Mais la référence fait long feu.

 

Maryse Rivière, auteure prolifique aux multiples facettes, réinvente la Mort. Et celle-ci se pare des atours de la plus grande des humanités.

 

Auguste Rodin, Paul Gauguin et Eugène Carrière sont convoqués après leur décès dans un lieu hors du temps.

 

Ils devront faire face à leur passé, les paradoxes de leur génie créateur mais aussi leurs failles.

Convoquant Platon et Alain, Maryse Rivière donne le dos à la culpabilité et au manichéisme pour nous livrer une fable humaniste. Même dans la Caverne, ne jugez pas l’homme, cherchez l’Epingle.

 

Et l’auteure nous livre une réflexion, étayée par une biographie intelligemment théâtralisée des 3 maîtres, sur l’artiste et son rapport au monde.

 

Dérogeant au principe ternaire (illustrée par une orchestration brillante de la gymnopédie n°1 d’Erik Satie), un autre maître est convoqué : Camille Claudel. Ce génie de la sculpture qui passera 30 ans de sa vie en asile psychiatrique parce qu’en ces temps-là, une femme ne pouvait être ni géniale, ni autonome. Il faudra attendre, la fin de la seconde guerre, le droit de vote enfin accessible aux femmes pour voir émerger une Germaine Richier.

 

Donnant le dos à toute démarche didactique, Maryse Rivière use de la palette des impressionnistes pour brosser les portraits de ses célèbres personnages avec élégance et justesse de ton en nous faisant découvrir ou redécouvrir tout un pan de notre patrimoine.

C’est toujours un bonheur de découvrir un beau texte profond sur scène. Et ce bonheur est encore plus grand quand il interpelle notre humanité. Servi par une troupe solide et une mise en scène sobre au service du texte, voici un spectacle vraiment original qui traite de la Mort mais ouvre de grands yeux sur la Vie.

Genèse de la pièce

Par
Maryse Rivère

Maryse-Riviere-auteure

C’est en écrivant « Eugène Carrière ou la magie du rêve » que l’idée d’écrire une pièce de théâtre réunissant Eugène Carrière, Auguste Renoir et Paul Gauguin m’est venue.
À force d’être plongée dans les archives pour écrire mon roman, j’avais l’impression d’entendre ces trois grands artistes, qui ont révolutionné l’art du XIXe siècle et se fréquentaient de leur vivant, dialoguer autour de leur art et de leur destinée.

 

Il me restait à inventer un cadre, une trame, un lieu.

 

Puisqu’ils avaient disparu depuis longtemps, le choix d’un entre-deux après la mort s’est rapidement imposé. J’ai situé l’histoire dans une salle de pas perdus, nos artistes devant se soumettre à une confrontation avant d’être redirigés vers le paradis, l’enfer ou le purgatoire, sachant qu’il n’existe qu’un ticket de passage pour chaque destination.

 

Un mystérieux messager interviendra tout au long de la pièce pour guider leurs pas. Il leur demandera de répondre à plusieurs questions afin de les départager. Des témoins se présenteront dès l’acte II, afin de les mettre sur la sellette.

 

Les dialogues s’inspirent des échanges qu’ils ont pu avoir de leur vivant, dont nous avons la trace, grâce aux échanges de lettres et aux témoignages de l’époque : comptes rendus de salons, articles de journaux, écrits et lettres d’Eugène Carrière, billets de Rodin à son ami Carrière.

 

Le premier jet a été rapide, comme un souffle. Je l’ai ensuite peaufiné, en respectant autant que faire se peut les caractères de chacun et les particularités de leurs travaux respectifs.

 

La pièce a dormi quelques années dans un tiroir avant de voir le jour grâce à l’insistance affectueuse d’une poignée d’amis.